« C’est à trente kilomètres du Rhône, un gros bourg qui s’accroche à la terre aride, tout entouré de monts en éventail. Ni Dauphiné ni Provence : un paysage en cul-de-sac, fermé par le trapèze du Miélandre, croupe de bête puissante, derrière laquelle se lèvent les grands soleils d’été. » Pierre Emmanuel, Qui est cet homme ? Paris, 1947.
D’où vient le nom de Dieulefit ?
Plusieurs hypothèses, mais qui n’ont pas été vérifiées, sont énoncées !
Le manuscrit de l’abbé Robin avance que des envahisseurs arabes auraient crié en voyant le village : ALLABA ! Et de l’admiration exclamative de ces hôtes inopinés serait né le nom : « Il est un coteau que l’on nomme les Plattes et qui au Moyen Age s’appelait Allaba, mot composé d’Alla qui, en arabe, signifie Dieu et du verbe ba venant de baon qui signifie faire, ce qui veut dire Dieu l’a fait, Dieulefit, Deusfecit en latin.. » Le manuscrit de l’abbé Robin, histoire de Dieulefit éd. Patricia Carlier 1987.
Origine religieuse disent d’aucuns qui offrent une autre approche « En 1275, Dieulefit possédait un prieuré absorbé au XIVe par la Commanderie de Poët-Laval. Deu lo fes dit son origine : fondation sous une inspiration religieuse d’une ville neuve à une certaine distance de l’ancienne église de la Calle (aujourd’hui sur le site du cimetière), fondation faite à frais communs par le précepteur de Poët-Laval, de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem et des seigneurs laïcs ». Dieulefit et son histoire éd. Curandera, 1981.
Peu importe, le village porte bien son nom !
On sait que sur le territoire était implantée à l’origine une tribu celte, les Voconces, puis les Romains laissèrent traces, les écrits au Moyen Age établissent la construction de Notre-Dame de la Calle (par l’ordre des Hospitaliers) et celle d’un château sur le flanc des Rouvières (par la seigneurie de Vesc) : le village, aujourd’hui le quartier de la Viale, s’installe sous les remparts. Puis la ville s’est peu à peu construite au fil du temps, avec pour activités principales la poterie, la filature désormais disparue et pendant de nombreuses années la verrerie d’art du Pontil.
Le blason de Dieulefit est un écu écartelé (c'est à dire composé de quatre quartiers) et fut adopté en 1946. Le premier quartier fait référence aux armes des Poitiers Valentinois et le quatrième quartier aux armes de la famille des Vesc, qui a cofondé la cité. Le deuxième et le troisième sont les deux symboles de l'artisanat local : le pot pour la poterie, la navette pour la filature.
Ville d'art
La poterie a toujours été étroitement liée à l'histoire de Dieulefit et de sa région. Poterie traditionnelle à usage domestique fabriquée autrefois à partir d'une argile extraite localement (la poterie entièrement fabriquée à Dieulefit est dotée maintenant du label « Dieulefit original »).
Aujourd'hui de nombreux potiers et céramistes exposent leurs créations dans leurs ateliers, dans les galeries ou des boutiques. Cette tradition artistique s'est élargie à la peinture et à la sculpture : des galeries d'art se sont installées au cœur du village et au bord du Jabron
plus d'infos sur les métiers d'art à Dieulefit
La Ville des Justes
Pendant la Seconde guerre mondiale, avec la complicité d’une employée de mairie qui fournissait de faux-papiers et celle de la population, Dieulefit a accueilli nombre de réfugiés, enfants juifs, leurs familles, peintres, poètes, artistes. Le nombre d’habitants qui s’élevait à l’époque à 2 500 se vit doubler. Il n’y eut aucune dénonciation.
Le 31 octobre 2014 la Municipalité a inauguré un "Mémorial à la Résistance Civile" réalisé par l'artiste Ivan Theimer. Le mémorial est installé dans le parc de la Baume.Téléchargez la plaquette de présentation du mémorial
Le titre Juste parmi les nations est décerné par l’état d’Israël et le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem qui avaient, dès 1953, défini cette notion de Justes, ces non-juifs qui ont sauvé des Juifs au péril de leur vie. La commune de Dieulefit compte à ce jour, 9 Justes qui ont défendu les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité pendant l’occupation nazie : Madeleine Arcens, Pol Arcens, Jeanne Barnier, Catherine Krafft, Simone Monnier, Henri Morin, Marguerite Soubeyran, Elie et Emmeline Abel.
Une plaque commémorative a été apposée dans le hall de l’Hôtel de ville de Dieulefit le 8 mai 2008 en mémoire de leur action.
Vous pouvez visionner ici le documentaire "Dieulefit village des Justes" réalisé par Alexandre Fronty et Guillaume Loiret et diffusé régulièrement sur La Chaine Parlementaire (LCP).
Reportage EN ANGLAIS "France: A Pocket of Resistance in WWII" réalisé par la chaine allemande DB à visionner ici
English documentation about "le memorial" - traduction en anglais par Richard Kutner
L'association "Patrimoine, histoire, mémoire du Pays de Dieulefit" effectue un travail de recherche historique, anime des rencontres et des manifestations sur cette question. Vous pouvez consulter son site ici
Bibliographie
"A Dieulefit, nul n'est étranger", Bernard DELPAL - Éditions Comptoir d'Édition. Juillet 2014.
Dieulefit ou le miracle du silence, Anne Vallaeys, éd. Fayard, 2008.
Manuscrit de l’abbé Robin, Histoire de Dieulefit, Patricia Carlier éditeur, 1987
Dieulefit et son histoire, essai historique rédigé par J. de Font-Réaulx, Léo Bertrand, et madame Pizot-Monnier, Collection les Provinciales, Curandera, 1981.
Résistance et liberté, Dieulefit 1940-1944, Sandrine Suchon-Fouquet, Presses Universitaires de Grenoble.
Dieulefit, Patrick et Catherine Grisel, 2011, éditeur: DFS+ Aix en Provence